Artistes : Annihilator – Sworn Amongst – Svölk
Notre histoire débute en Suisse, à Pratteln, non loin de
Bâle. Cela se passe le 1er novembre dernier derrière la salle du Z7. La
zone est industrielle… Metal ! Il y a déjà un fan. Il a repéré le bus
rouge et la pochette du dernier album repose délicatement sur un carton à
faire signer. Sa collection sera bientôt presque complète. Annihilator a
déjà effectué un peu plus de la moitié de sa tournée européenne de 2010
en tête d’affiche et tout semble aller pour le mieux.
Comme l’explique Jeff Waters, la promotion locale n’est pas
très importante. Il fut un temps où les labels employaient des
compagnies dans chaque pays pour faire une promo digne de ce nom. A
Ottawa, là où habite le mainman, un ou deux jours avant qu’un
artiste ne joue, il vous suffisait d’ouvrir le journal pour avoir un
article sur le dit artiste. En 2010, Jeff Waters avouera que c’est la
première fois qu’il fait une tournée avec aussi peu de promo locale. Et
pourtant, à sa grande surprise, les shows sont bien remplis. Internet a
remplacé la promotion habituelle, les gens se passent l’information via
les liens sociaux, et le management s’est dit qu’il y avait là quelque
chose à creuser.
Annihilator (ici au Z7), ça peut être smooth.
Ceux qui ont déjà assisté à un concert d’Annihilator le savent bien : le
groupe est facilement accessible. Alors pourquoi ne pas faire d’une
pierre deux coups ? Le principe est simple : si vous êtes fan des
Canadiens, il vous suffit de poster le lien de la tournée du site
officiel sur dix forums différents et d’envoyer votre devoir accompli
par mail sur le site. Votre mission effectuée, vous aurez droit à un meet & greet
avec Annihilator. Comme ça, tout le monde est content ! Et ça marche !
Les ventes sont relativement correctes avant le concert ; et elles
doublent, voire triplent le jour J ! Et ce qui ravit encore plus le
groupe est l’excellente tenue des ventes du merchandising. Car en vous
procurant un T-shirt, vous faites une bonne action. En effet, voilà qui
servira à payer le crew ! De sorte que le groupe ne sort rien de sa
poche. Ça donne envie de mettre son T-shirt plus souvent, n’est-ce pas ?
Cela dit, Jeff Waters a quelques doutes quant à l’option sold-out de ce soir. Pourtant la bonne humeur est de mise. Après un soundcheck rigoureux, le groupe vaque à ses occupations entre laverie, pratique de son instrument ou dédicace d’une voiture !
Le Z7 a une très bonne réputation (justifiée), entre les lights, le
son, et… la cuisine ! C’est ainsi qu’on apprend qu’un chef-cuisinier
officiait il y a quelques mois derrière les fourneaux mais, suite à son
décès, une remplaçante lui fut trouvée et le résultat, c’est qu’à ce
stade de la tournée, le groupe estime que c’est le meilleur repas qu’ils
ont eu. Pendant ce temps-là, le responsable du merchandising me montre
une petite vidéo où l’on voit Jeff Waters s’entraîner sur son manche de
guitare en le regardant à peine !
Svölk face à la réserve suisse au Z7 de Pratteln
Les portes sont censées s’ouvrir vers 19h. A 18h20, le backdrop frappé
du logo d’Annihilator est déployé sur scène et les membres de Sworn
Amongst cherchent les boîtes de merchandising… Alors qu’Annihilator se
prépare tranquillement avec un peu de relaxation par la musique, des
exercices d’échauffement ou, à quinze minutes du concert, des vocalises
pour Dave Padden, Svölk et Sworn Amongst tentent de faire face à la
réserve suisse.
Les Norvégiens de Svölk ne s’attendaient pas forcément à se retrouver
sur cette affiche. Environ un mois avant le début de la tournée, Martin
Osterhaug envoie via Facebook un message avec le lien de leur MySpace à
Annihilator. Résultat : trois semaines avant la tournée, Svölk apprend
que le groupe sera en première partie d’Annihilator ! Et une chose
n’arrivant jamais seule, le groupe perd son chanteur. A ce stade de la
situation, il est trop tard pour refuser. Jengt Castral et Thomas
Osterhaug se partageront donc le chant, formule originale qui passe très
bien l’épreuve de la scène et qui sera peut-être conservée pour le
futur.
Liam Liddell (Sworn Amongst)
Il s’agit donc de super vacances pour le groupe. Certes, leur nom n’est
pas très répandu et la plupart des gens découvrent seulement le groupe
sur scène. Mais le capital sympathie est là, il y a des fans en Pologne
et le nombre de clics sur « J’aime » de la page Facebook ne fait
qu’augmenter ! S’ajoutant à cela, les conditions dans lesquelles tourne
le groupe sont très correctes et les relations avec Annihilator et Sworn
Amongst excellentes. De temps à autre, les musiciens de Sworn Amongst
et Svölk s’échangent et partagent des tips sur les instruments et/ou les
amplis. Le batteur, Jorgen Seger Haave fait de même avec Carlos
d’Annihilator. Les concerts du groupe se déroulent bien, le public est
attentif en Suisse et sera déjà plus suiveur en Espagne.
Il semblerait que le bassiste, Thomas, soit très satisfait de jouer à
Barcelone et l’accueil sera, de ce fait, chaleureux. Jengt, au chant et
à la guitare, s’avance dans la fosse à photographe sur le dernier
morceau et vient taper dans quelques mains en laissant des médiators.
Svölk a donc su saisir l’opportunité et transformer l’essai.
S’il y a bien un groupe qui a également une ferme volonté de marcher,
c’est Sworn Amongst. Liam, au chant, est un jeune homme qui tient
solidement son groupe et qui comprend le business. Il a donc laissé les
labels communiquer entre eux pour décider du sort du groupe pour un
éventuel sésame pour cette tournée. Et, bingo !, environ un mois avant
le début des concerts, Sworn Amongst est sélectionné.
Rob Ellwood (Sworn Amongst)
Habitué des tournées, le groupe est ravi de retourner en Europe. L’idée
même de devoir rester à Londres après attriste le chanteur. L’accueil
est en général très bon, quelques slams et pogos apparaitront en
Espagne. Les relations avec Annihilator sont très bonnes. On apprend
ainsi que Jeff Waters vient faire le soundcheck du groupe en
prenant la guitare de Jonny, grand fan d’Annihilator. A n’en pas douter,
les photos prises durant ce moment seront visionnées plus d’une fois !
Là aussi, un échange a lieu au niveau des techniques et autres types de
matériel. Sworn Amongst songe même à faire venir Jeff Waters sur scène
pour la dernière date à Londres… A moins que ça ne soit l’inverse…
D’ailleurs Annihilator ne manquera pas de complimenter le groupe lorsque
viendra le moment de se quitter, ce qui rendra Sworn Amongst fébrile et
fier à la fois. On le serait à moins.
Finalement, Jeff Waters jouera un solo sur la réédition du morceau de
Sworn Amongst, « The Rules Of Engagement », qui sortira en février
prochain. L’heure n’est donc pas à la prise de tête, Liam précise que
tout le monde, des groupes au conducteur de bus, est très sympa et
facile vivre. Voilà qui permet de se concentrer parfaitement sur les
prestations ; et à ce jeu-là Sworn Amongst s’y connait.
En ce qui concerne le rapport des deux groupes de soutien à
Annihilator, le bassiste de Svölk nous avoue avoir craqué sur « The
Trend » – le dernier album éponyme des thrasheurs canadiens étant son
favori – alors que le reste de la formation apprécie plus
particulièrement Never, Neverland (1990) dans son entier. Chez Sworn
Amongst, Jonny , à la guitare, est en général un grand fan du groupe. Au
chant, Liam avoue ne pas écouter tant de thrash que ça, mais le titre
« 21″ a tout de même sa préférence.
La date suisse fût relativement sympathique avec des conditions
logistiques appréciables pour tous les groupes. Il est temps de
retrouver la troupe en Espagne alors que celle-ci revient d’Italie.
Soundcheck au Razzmatazz
En temps normal, le groupe arrive dans l’après-midi pour le soundcheck.
Pour la date de Barcelone, le transfert depuis l’Italie ne s’effectue
pas exactement comme prévu. Il faut gérer une panne de bus. Ce bus
rouge, certes très moderne et confortable, a montré quelques signes de
faiblesse, « l’ordinateur de bord » ne répondait plus correctement. La
compagnie de bus a donc dû réserver des places en avion pour acheminer
tout ce petit monde. L’organisation est quelque peu chamboulée mais le
groupe arrive au fur et à mesure entre 17h et 17h30, le matériel étant
déjà arrivé à bon port. A 18h, le soundcheck peut commencer.
Chaque musicien s’ajuste, à commencer par la batterie. Les toms
résonnent dans la salle Razzmatazz 2 et on a l’impression que la guerre
atomique est arrivée. Jeff Waters se sent d’humeur bluesy avant d’en
venir à « Alison Hell ». Dave Padden travaille son chant, sans forcer
bien sûr, puis tout le monde s’accorde sans le chant. Al utilise « Set
The World On Fire » pour vérification, puis tout le groupe joue
« Welcome To The Fun Palace » par deux fois, la deuxième fois avec les
lumières.
Annihilator : this is Barcelona !
La formule des meet & greet ayant bien fonctionné en
Espagne, le groupe s’acquittera de cette pratique avant le concert.
Svölk débarque sur scène et se sent très à l’aise avec le public
espagnol. Le petit aspect stoner passe très bien. Il en est de même pour
Sworn Amongst et leur thrash morderne et les slams commencent très tôt
durant leur set. L’ambiance est déjà chaude, notamment grâce aux
Anglais, mais, c’est bien connu, le public espagnol est souvent très
motivé. Caliente ! Annihilator n’échappe pas à la règle : les
fans scandent sans relâche le nom des Canadiens qui ne cesseront de
relancer les Espagnols à coup de « Come on, this is Barcelona ».
L’atmosphère du show est plutôt détendue malgré la quasi-absence de speech entre les morceaux, les musiciens étant plutôt concentrés sur les différents réglages de leurs instruments.
Jeff Waters (Annihilator) à Barcelone
Juste avant « Ultra-Motion », Jeff Waters refait le coup de la rumeur
selon laquelle Barcelone aime le speed thrash metal. Et à peine le titre
a t-il commencé que le main man demande que les projecteurs
arrosent le public. La furie thrash peut commencer. Ce morceau est une
véritable grenade qui maintient la pression sur les autres morceaux
speed/thrash de la setlist (« WTYD » et « Phantasmagoria » ont leur lot
de pogos). Dave Padden est toujours aussi bon au chant – thrash, heavy
ou clair – sur le medley « Phoenix/Sounds Good To Me » qui reçoit un
excellent accueil. Barcelone déçoit rarement. Reste à savoir ce que
Madrid a à offrir.
La capitale n’est qu’a à peine trois heures de route et l’hôtel du
groupe est au coin de la rue. Lorsque Jeff Waters sort avec sa valise,
une petite foule de fans le suit dans l’espoir probable d’un autographe
ou d’une sympathique photo. Pendant ce temps-là, les musiciens de Sworn
Amongst et Svölk répartissent leur temps entre sollicitations de la part
des fans et le rangement du matériel dans le trailer. Vers la
fin de la soirée, Dave Padden tente une approche dans le Pepe Bar, juste
en bas de la salle, mais il ne restera pas trop longtemps afin de
préserver sa voix.
Annihilator est attendu partout !
La Sala Heineken ressemble à La Machine (ex-Loco, à Paris). Son aspect
invite plus à la détente avec ses canapés sur le côté qu’à la déferlante
de thrash qui va s’abattre ce soir. Une fois de plus, Annihilator vaque
à ses occupations et le sound-check se déroule en fin d’après-midi.
Svölk et Sworn Amongst se relaxent à l’étage, répondent à quelques
questions et les responsables du merchandising s’installent au point
stratégique. Il n’y a rien de particulièrement piquant là-dedans et ce
schéma semble être le même pour toutes leurs journées.
Les Corn Flakes c’est important
A n’en pas douter, Jeff Waters est un leader sympathique et le temps des
90’s est loin derrière, quand les tournées représentaient une vaste
beuverie. En 2010, c’est bien plus « smooth ». Chaque groupe s’évertue à
donner des shows intenses et le résultat est là : c’est un succès.
Aucune raison d’être anxieux, alors ? Pas si sûr. Le son de Svölk était
correct et leur show tout aussi détendu que la veille, avec un accueil
plus prononcé. Sworn Amongst était assez en forme et on entendait
particulièrement bien la basse de Rob. Tout va bien, Annihilator arrive
sur scène.
Quelque chose ne va pas.
Lors d’un show d’Exodus ou de Slayer, vous savez que vous aurez les
nerfs tendus, que ça va être agressif et virulent ; vous êtes là pour
ça. Et puis, il y a des groupes, comme Annihilator ou Anthrax où l’on
vient pour le fun, l’ambiance friendly. C’est ce qui anime le
groupe sur scène… à condition d’avoir un bon son. Et on ne la fait pas à
Jeff Waters qui s’est auto-formé à la production d’autres groupes dans
son propre studio. Les trois premiers morceaux seront joués vite avec
quelques péripéties sonores. Le retour dans les amplis frontaux est trop
fort et, à trois reprises, Jeff Waters doit demander au crew
local de baisser le son. Son visage exprime la colère et il est plus
agité qu’à l’accoutumée. Puis, enfin, sur « King Of The Kill », Jeff
Waters peut en profiter et Dave Padden n’a plus à le surveiller du coin
de l’œil pour savoir ce qu’il va se passer. Le guitariste leader invite
même l’ingé-light à aller boire un verre durant « Ultra-Motion » en
laissant la lumière sur le public durant ce titre incontournable.
Répétitif, mais pertinent.
Jeff Waters et Dave Padden (Annihilator) à Madrid
Cela dit, cette petite pique n’est pas anodine puisque Jeff lâche un
« There we go ! » en désignant les lights lorsque celles-ci deviennent,
effectivement, bien présentes durant « Welcome To Your Death », dixième
morceau de la setlist qui en compte dix-huit. Mais le groupe ne se
relâche pas et, alors qu’un autre souci sonore survient pendant « The
Fun Palace », Dave Padden continue de jouer alors qu’il est visiblement
gêné par les retours. Décidément… Il sera difficile d’en savoir plus
puisque la salle est évacuée assez rapidement après le show.
Conclusion : il est juste que cette tournée soit un succès. Étalée
sur deux mois, ouverte par un show parisien durant lequel Jeff Waters
était plus loquace que sur d’autres shows, accompagnée de groupes de
premières parties choisies par Annihilator-même, bravant le feu à
Notthingham ou le contexte économique en Grèce, Annihilator, mené de
main de maître par Jeff Waters, secondé par celui qu’il présente comme
son frère, à savoir Dave Padden, et avec qui il entretient une réelle
complicité, s’est montré généreux avec des meet & greet,
des séances photos avant et après les shows à n’en plus finir et une
setlist équilibrée et intéressante pour tous les fans. Toute cette bande
de joyeux garçons, managée par la vaillante Verena a pris et donné du
plaisir scénique sans compter mais avec l’idée fixe que le travail
rapporte plus lui-même qu’une certaine rentabilité. A leur manière, les
groupes de cette tournée européenne 2010 auront laissé leur trace et on
retiendra par dessus tout la bonne humeur et le professionnalisme de
chacun.
Merci à Verana (tour manager) pour sa disponibilité et gentillesse,
ainsi qu’à Svölk, Sworn Amongst et Annihilator pour leur sympathie et
leurs fantastiques shows.
Annihilator présent pour son public (ici à la fin du concert au Z7 de Pratteln)
Notre histoire débute en Suisse, à Pratteln, non loin de
Bâle. Cela se passe le 1er novembre dernier derrière la salle du Z7. La
zone est industrielle… Metal ! Il y a déjà un fan. Il a repéré le bus
rouge et la pochette du dernier album repose délicatement sur un carton à
faire signer. Sa collection sera bientôt presque complète. Annihilator a
déjà effectué un peu plus de la moitié de sa tournée européenne de 2010
en tête d’affiche et tout semble aller pour le mieux.
Comme l’explique Jeff Waters, la promotion locale n’est pas
très importante. Il fut un temps où les labels employaient des
compagnies dans chaque pays pour faire une promo digne de ce nom. A
Ottawa, là où habite le mainman, un ou deux jours avant qu’un
artiste ne joue, il vous suffisait d’ouvrir le journal pour avoir un
article sur le dit artiste. En 2010, Jeff Waters avouera que c’est la
première fois qu’il fait une tournée avec aussi peu de promo locale. Et
pourtant, à sa grande surprise, les shows sont bien remplis. Internet a
remplacé la promotion habituelle, les gens se passent l’information via
les liens sociaux, et le management s’est dit qu’il y avait là quelque
chose à creuser.
Annihilator (ici au Z7), ça peut être smooth.
Ceux qui ont déjà assisté à un concert d’Annihilator le savent bien : le
groupe est facilement accessible. Alors pourquoi ne pas faire d’une
pierre deux coups ? Le principe est simple : si vous êtes fan des
Canadiens, il vous suffit de poster le lien de la tournée du site
officiel sur dix forums différents et d’envoyer votre devoir accompli
par mail sur le site. Votre mission effectuée, vous aurez droit à un meet & greet
avec Annihilator. Comme ça, tout le monde est content ! Et ça marche !
Les ventes sont relativement correctes avant le concert ; et elles
doublent, voire triplent le jour J ! Et ce qui ravit encore plus le
groupe est l’excellente tenue des ventes du merchandising. Car en vous
procurant un T-shirt, vous faites une bonne action. En effet, voilà qui
servira à payer le crew ! De sorte que le groupe ne sort rien de sa
poche. Ça donne envie de mettre son T-shirt plus souvent, n’est-ce pas ?
Cela dit, Jeff Waters a quelques doutes quant à l’option sold-out de ce soir. Pourtant la bonne humeur est de mise. Après un soundcheck rigoureux, le groupe vaque à ses occupations entre laverie, pratique de son instrument ou dédicace d’une voiture !
Le Z7 a une très bonne réputation (justifiée), entre les lights, le
son, et… la cuisine ! C’est ainsi qu’on apprend qu’un chef-cuisinier
officiait il y a quelques mois derrière les fourneaux mais, suite à son
décès, une remplaçante lui fut trouvée et le résultat, c’est qu’à ce
stade de la tournée, le groupe estime que c’est le meilleur repas qu’ils
ont eu. Pendant ce temps-là, le responsable du merchandising me montre
une petite vidéo où l’on voit Jeff Waters s’entraîner sur son manche de
guitare en le regardant à peine !
Svölk face à la réserve suisse au Z7 de Pratteln
Les portes sont censées s’ouvrir vers 19h. A 18h20, le backdrop frappé
du logo d’Annihilator est déployé sur scène et les membres de Sworn
Amongst cherchent les boîtes de merchandising… Alors qu’Annihilator se
prépare tranquillement avec un peu de relaxation par la musique, des
exercices d’échauffement ou, à quinze minutes du concert, des vocalises
pour Dave Padden, Svölk et Sworn Amongst tentent de faire face à la
réserve suisse.
Les Norvégiens de Svölk ne s’attendaient pas forcément à se retrouver
sur cette affiche. Environ un mois avant le début de la tournée, Martin
Osterhaug envoie via Facebook un message avec le lien de leur MySpace à
Annihilator. Résultat : trois semaines avant la tournée, Svölk apprend
que le groupe sera en première partie d’Annihilator ! Et une chose
n’arrivant jamais seule, le groupe perd son chanteur. A ce stade de la
situation, il est trop tard pour refuser. Jengt Castral et Thomas
Osterhaug se partageront donc le chant, formule originale qui passe très
bien l’épreuve de la scène et qui sera peut-être conservée pour le
futur.
Liam Liddell (Sworn Amongst)
Il s’agit donc de super vacances pour le groupe. Certes, leur nom n’est
pas très répandu et la plupart des gens découvrent seulement le groupe
sur scène. Mais le capital sympathie est là, il y a des fans en Pologne
et le nombre de clics sur « J’aime » de la page Facebook ne fait
qu’augmenter ! S’ajoutant à cela, les conditions dans lesquelles tourne
le groupe sont très correctes et les relations avec Annihilator et Sworn
Amongst excellentes. De temps à autre, les musiciens de Sworn Amongst
et Svölk s’échangent et partagent des tips sur les instruments et/ou les
amplis. Le batteur, Jorgen Seger Haave fait de même avec Carlos
d’Annihilator. Les concerts du groupe se déroulent bien, le public est
attentif en Suisse et sera déjà plus suiveur en Espagne.
Il semblerait que le bassiste, Thomas, soit très satisfait de jouer à
Barcelone et l’accueil sera, de ce fait, chaleureux. Jengt, au chant et
à la guitare, s’avance dans la fosse à photographe sur le dernier
morceau et vient taper dans quelques mains en laissant des médiators.
Svölk a donc su saisir l’opportunité et transformer l’essai.
S’il y a bien un groupe qui a également une ferme volonté de marcher,
c’est Sworn Amongst. Liam, au chant, est un jeune homme qui tient
solidement son groupe et qui comprend le business. Il a donc laissé les
labels communiquer entre eux pour décider du sort du groupe pour un
éventuel sésame pour cette tournée. Et, bingo !, environ un mois avant
le début des concerts, Sworn Amongst est sélectionné.
Rob Ellwood (Sworn Amongst)
Habitué des tournées, le groupe est ravi de retourner en Europe. L’idée
même de devoir rester à Londres après attriste le chanteur. L’accueil
est en général très bon, quelques slams et pogos apparaitront en
Espagne. Les relations avec Annihilator sont très bonnes. On apprend
ainsi que Jeff Waters vient faire le soundcheck du groupe en
prenant la guitare de Jonny, grand fan d’Annihilator. A n’en pas douter,
les photos prises durant ce moment seront visionnées plus d’une fois !
Là aussi, un échange a lieu au niveau des techniques et autres types de
matériel. Sworn Amongst songe même à faire venir Jeff Waters sur scène
pour la dernière date à Londres… A moins que ça ne soit l’inverse…
D’ailleurs Annihilator ne manquera pas de complimenter le groupe lorsque
viendra le moment de se quitter, ce qui rendra Sworn Amongst fébrile et
fier à la fois. On le serait à moins.
Finalement, Jeff Waters jouera un solo sur la réédition du morceau de
Sworn Amongst, « The Rules Of Engagement », qui sortira en février
prochain. L’heure n’est donc pas à la prise de tête, Liam précise que
tout le monde, des groupes au conducteur de bus, est très sympa et
facile vivre. Voilà qui permet de se concentrer parfaitement sur les
prestations ; et à ce jeu-là Sworn Amongst s’y connait.
En ce qui concerne le rapport des deux groupes de soutien à
Annihilator, le bassiste de Svölk nous avoue avoir craqué sur « The
Trend » – le dernier album éponyme des thrasheurs canadiens étant son
favori – alors que le reste de la formation apprécie plus
particulièrement Never, Neverland (1990) dans son entier. Chez Sworn
Amongst, Jonny , à la guitare, est en général un grand fan du groupe. Au
chant, Liam avoue ne pas écouter tant de thrash que ça, mais le titre
« 21″ a tout de même sa préférence.
La date suisse fût relativement sympathique avec des conditions
logistiques appréciables pour tous les groupes. Il est temps de
retrouver la troupe en Espagne alors que celle-ci revient d’Italie.
Soundcheck au Razzmatazz
En temps normal, le groupe arrive dans l’après-midi pour le soundcheck.
Pour la date de Barcelone, le transfert depuis l’Italie ne s’effectue
pas exactement comme prévu. Il faut gérer une panne de bus. Ce bus
rouge, certes très moderne et confortable, a montré quelques signes de
faiblesse, « l’ordinateur de bord » ne répondait plus correctement. La
compagnie de bus a donc dû réserver des places en avion pour acheminer
tout ce petit monde. L’organisation est quelque peu chamboulée mais le
groupe arrive au fur et à mesure entre 17h et 17h30, le matériel étant
déjà arrivé à bon port. A 18h, le soundcheck peut commencer.
Chaque musicien s’ajuste, à commencer par la batterie. Les toms
résonnent dans la salle Razzmatazz 2 et on a l’impression que la guerre
atomique est arrivée. Jeff Waters se sent d’humeur bluesy avant d’en
venir à « Alison Hell ». Dave Padden travaille son chant, sans forcer
bien sûr, puis tout le monde s’accorde sans le chant. Al utilise « Set
The World On Fire » pour vérification, puis tout le groupe joue
« Welcome To The Fun Palace » par deux fois, la deuxième fois avec les
lumières.
Annihilator : this is Barcelona !
La formule des meet & greet ayant bien fonctionné en
Espagne, le groupe s’acquittera de cette pratique avant le concert.
Svölk débarque sur scène et se sent très à l’aise avec le public
espagnol. Le petit aspect stoner passe très bien. Il en est de même pour
Sworn Amongst et leur thrash morderne et les slams commencent très tôt
durant leur set. L’ambiance est déjà chaude, notamment grâce aux
Anglais, mais, c’est bien connu, le public espagnol est souvent très
motivé. Caliente ! Annihilator n’échappe pas à la règle : les
fans scandent sans relâche le nom des Canadiens qui ne cesseront de
relancer les Espagnols à coup de « Come on, this is Barcelona ».
L’atmosphère du show est plutôt détendue malgré la quasi-absence de speech entre les morceaux, les musiciens étant plutôt concentrés sur les différents réglages de leurs instruments.
Jeff Waters (Annihilator) à Barcelone
Juste avant « Ultra-Motion », Jeff Waters refait le coup de la rumeur
selon laquelle Barcelone aime le speed thrash metal. Et à peine le titre
a t-il commencé que le main man demande que les projecteurs
arrosent le public. La furie thrash peut commencer. Ce morceau est une
véritable grenade qui maintient la pression sur les autres morceaux
speed/thrash de la setlist (« WTYD » et « Phantasmagoria » ont leur lot
de pogos). Dave Padden est toujours aussi bon au chant – thrash, heavy
ou clair – sur le medley « Phoenix/Sounds Good To Me » qui reçoit un
excellent accueil. Barcelone déçoit rarement. Reste à savoir ce que
Madrid a à offrir.
La capitale n’est qu’a à peine trois heures de route et l’hôtel du
groupe est au coin de la rue. Lorsque Jeff Waters sort avec sa valise,
une petite foule de fans le suit dans l’espoir probable d’un autographe
ou d’une sympathique photo. Pendant ce temps-là, les musiciens de Sworn
Amongst et Svölk répartissent leur temps entre sollicitations de la part
des fans et le rangement du matériel dans le trailer. Vers la
fin de la soirée, Dave Padden tente une approche dans le Pepe Bar, juste
en bas de la salle, mais il ne restera pas trop longtemps afin de
préserver sa voix.
Annihilator est attendu partout !
La Sala Heineken ressemble à La Machine (ex-Loco, à Paris). Son aspect
invite plus à la détente avec ses canapés sur le côté qu’à la déferlante
de thrash qui va s’abattre ce soir. Une fois de plus, Annihilator vaque
à ses occupations et le sound-check se déroule en fin d’après-midi.
Svölk et Sworn Amongst se relaxent à l’étage, répondent à quelques
questions et les responsables du merchandising s’installent au point
stratégique. Il n’y a rien de particulièrement piquant là-dedans et ce
schéma semble être le même pour toutes leurs journées.
Les Corn Flakes c’est important
A n’en pas douter, Jeff Waters est un leader sympathique et le temps des
90’s est loin derrière, quand les tournées représentaient une vaste
beuverie. En 2010, c’est bien plus « smooth ». Chaque groupe s’évertue à
donner des shows intenses et le résultat est là : c’est un succès.
Aucune raison d’être anxieux, alors ? Pas si sûr. Le son de Svölk était
correct et leur show tout aussi détendu que la veille, avec un accueil
plus prononcé. Sworn Amongst était assez en forme et on entendait
particulièrement bien la basse de Rob. Tout va bien, Annihilator arrive
sur scène.
Quelque chose ne va pas.
Lors d’un show d’Exodus ou de Slayer, vous savez que vous aurez les
nerfs tendus, que ça va être agressif et virulent ; vous êtes là pour
ça. Et puis, il y a des groupes, comme Annihilator ou Anthrax où l’on
vient pour le fun, l’ambiance friendly. C’est ce qui anime le
groupe sur scène… à condition d’avoir un bon son. Et on ne la fait pas à
Jeff Waters qui s’est auto-formé à la production d’autres groupes dans
son propre studio. Les trois premiers morceaux seront joués vite avec
quelques péripéties sonores. Le retour dans les amplis frontaux est trop
fort et, à trois reprises, Jeff Waters doit demander au crew
local de baisser le son. Son visage exprime la colère et il est plus
agité qu’à l’accoutumée. Puis, enfin, sur « King Of The Kill », Jeff
Waters peut en profiter et Dave Padden n’a plus à le surveiller du coin
de l’œil pour savoir ce qu’il va se passer. Le guitariste leader invite
même l’ingé-light à aller boire un verre durant « Ultra-Motion » en
laissant la lumière sur le public durant ce titre incontournable.
Répétitif, mais pertinent.
Jeff Waters et Dave Padden (Annihilator) à Madrid
Cela dit, cette petite pique n’est pas anodine puisque Jeff lâche un
« There we go ! » en désignant les lights lorsque celles-ci deviennent,
effectivement, bien présentes durant « Welcome To Your Death », dixième
morceau de la setlist qui en compte dix-huit. Mais le groupe ne se
relâche pas et, alors qu’un autre souci sonore survient pendant « The
Fun Palace », Dave Padden continue de jouer alors qu’il est visiblement
gêné par les retours. Décidément… Il sera difficile d’en savoir plus
puisque la salle est évacuée assez rapidement après le show.
Conclusion : il est juste que cette tournée soit un succès. Étalée
sur deux mois, ouverte par un show parisien durant lequel Jeff Waters
était plus loquace que sur d’autres shows, accompagnée de groupes de
premières parties choisies par Annihilator-même, bravant le feu à
Notthingham ou le contexte économique en Grèce, Annihilator, mené de
main de maître par Jeff Waters, secondé par celui qu’il présente comme
son frère, à savoir Dave Padden, et avec qui il entretient une réelle
complicité, s’est montré généreux avec des meet & greet,
des séances photos avant et après les shows à n’en plus finir et une
setlist équilibrée et intéressante pour tous les fans. Toute cette bande
de joyeux garçons, managée par la vaillante Verena a pris et donné du
plaisir scénique sans compter mais avec l’idée fixe que le travail
rapporte plus lui-même qu’une certaine rentabilité. A leur manière, les
groupes de cette tournée européenne 2010 auront laissé leur trace et on
retiendra par dessus tout la bonne humeur et le professionnalisme de
chacun.
Merci à Verana (tour manager) pour sa disponibilité et gentillesse,
ainsi qu’à Svölk, Sworn Amongst et Annihilator pour leur sympathie et
leurs fantastiques shows.
Annihilator présent pour son public (ici à la fin du concert au Z7 de Pratteln)