« On ne fait pas semblant », déclarait Mikkey Dee
dans le documentaire « Lemmy : The Movie ». Motörhead, c’est un groupe
qui s’assume pleinement. Motörhead ne vous cachera jamais son envie de
se faire plein de pognon via une pub pour Kronenbourg. Motörhead n’a pas
honte non plus de ses clichés.
Lorsque nous entrons dans la loge, ce n’est pas à Phil
Campbell que nous avons affaire mais au parfait tableau de la rock star
dans toute sa splendeur et sa démesure. Rien ne manque, si ce n’est le
rail de coke sur la table basse. A commencer par ce « vous ne comptez pas prendre de photos, n’est-ce pas ? Car je ne me suis pas rasé ! »
Tout à fait sérieux de la part d’un guitariste déjà vêtu d’une tenue de
scène élégante. Dans une main, un verre de vin blanc, dans l’autre, une
demoiselle aux formes… suggestives, visiblement âgée de vingt-cinq ans.
La totale. Ironie du sort, nous comptions notamment parler à Phil du
fait que « Lemmy : The Movie » brisait quelques-uns de ces clichés du
rock’n'roll. Et Phil de nous proposer de nous servir en bières sur le
buffet fort bien garni de la loge (merci Kronenbourg). Chez Motörhead,
quand on vous promet de vous payer un coup, on s’y tient, c’est une question d’honneur.
L’entrevue se passait bien jusqu’à ce que nous posions cette
question que l’on pensait pourtant anodine et que nous avions même
failli supprimer de notre liste. C’était sans compter sur l’ego froissé
de Phil Campbell (ego qui s’exprimera d’ailleurs à quelques reprises
dans cette interview), qui répliquera en larguant une véritable bombe à
l’encontre des réalisateurs de « Lemmy : The Movie ». Assez de suspense :
voici cet entretien tenu à peine quelques heures avant que le groupe ne
foule les planches de la Halle Tony Garnier.
« Je préfère être le seul guitariste. C’est bien plus fun et cela
fait de moi un meilleur performer ; ça m’oblige à courir davantage sur
scène. Je préfère très largement ça. Je ne pourrais pas revenir à une
situation où il y aurait un autre guitariste. »
Radio Metal : Apparemment The Wörld Is Yours est sorti en
Angleterre par le biais d’un contrat de publication exclusif avec le
magazine Classic Rock. Quel était votre intérêt là-dedans ?
Phil Campbell (guitare) : Je ne sais pas ! Nous
n’avions jamais fait cela auparavant. Nous pensions que ce serait bien
si nous avions le soutien d’un magazine. Mais ce n’est pas vraiment
important. De toutes manières, l’album est désormais disponible chez les
disquaires.
Tu as perdu ton père pendant la conception de l’album.
Penses-tu que ce triste événement a eu un impact sur la musique de
l’album ?
Oui, j’aime le penser. Je suis revenu de Los Angeles pour être avec
lui. Je le voyais tous les matins avant d’aller en studio au Pays De
Galles pour enregistrer les guitares. Ensuite, je revenais le soir pour
le voir à nouveau. A Los Angeles, il y a énormément de distractions
alors que, cette fois-ci, je me suis concentré sur deux choses : mon
père et la guitare. Donc, probablement que cela a eu un impact sur
l’album. Qui sait ? De toute façon, je suis content du jeu de guitare
sur l’album.
Vous avez tourné un clip vidéo pour le titre « Get Back In
Line ». On t’y voit, toi, Lemmy et Mikkey rentrer dans un casino rempli
de businessmen pathétiques et tout casser. Ça a dû être particulièrement
jouissif à tourner !
Ouais, c’était très marrant. Dans la première partie de la vidéo nous
jouons à Londres au sommet d’un building et il faisait si froid ! Nous
gelions sur place ! C’était une idée des personnes qui ont fait la vidéo
et je dois dire que ça rend plutôt bien au final. Je pense que ce clip
est très correct. Vous voulez une bière ? On a de la Kronenbourg !
OK, pourquoi pas. Merci ! Quel est le message derrière ce
clip ? Est-ce pour dire que le business est anti-rock’n’roll et qu’il
n’a rien à faire avec la musique ?
Tout ce que les banquiers à Londres aiment faire, c’est remplir leurs
propres poches. Ils n’en ont rien à foutre des autres. Il y a toujours
des exceptions à cette règle mais c’est un concept amusant pour une
vidéo et certains businessmen sont vraiment des enfoirés.
Les maisons de disques ont du mal à faire du business de nos
jours à cause d’internet et des nouveaux comportements des
consommateurs. Beaucoup de groupes font leur promotion et vendent leurs
albums par leurs propres moyens. Penses-tu que ce soit une bonne chose ?
Si cela fonctionne pour certains groupes, oui. Chaque cas est
différent. Nous ne vendons pas notre album au stand de merch car nous
avons la chance d’avoir des fans qui sortent et l’achètent. Mais, quoi
qu’il arrive, les maisons de disques prennent la plus grosse part des
bénéfices. C’est donc une bonne chose si les maisons de disques
commencent à avoir des difficultés. Ça fait des années et des années que
ça marche très bien pour elles mais maintenant la roue tourne et c’est
mieux ainsi pour le musicien.
Dans le livret de The Wörld Is Yours, on trouve des dessins un peu étranges et naïfs. Qui en est l’auteur ?
Lem’ les a fait.
Que représentent-ils ?
(Phil fait un signe pour exprimer la folie) Demandez-lui, je ne sais
pas ! (Rires) Il s’ennuie la nuit lorsqu’il n’arrive pas à s’endormir.
(Rires)
« Si cela ne tenait qu’à moi, la setlist serait totalement
différente ! (Phil montre du doigt le mur qui nous sépare de la loge de
Lemmy) Je deviens trop vieux pour rentrer dans des putains de disputes
! »
Cela fait maintenant quinze ans que tu es seul au poste de
guitariste dans Motörhead mais à un moment donné un second guitariste,
Würzel, était à tes cotés pendant un peu moins de dix ans. Dans quelle
situation te sens-tu le plus à l’aise ?
Je préfère être le seul guitariste. C’est bien plus fun et cela fait de moi un meilleur performer
; ça m’oblige à courir davantage sur scène. Je préfère très largement
ça. Je ne pourrais pas revenir à une situation où il y aurait un autre
guitariste. Nous avons passé de très bons moments à l’époque avec Würzel
mais c’était sa décision de partir. Et cela n’arrivera plus. Ce sera
toujours uniquement nous trois.
Nous ne t’avons jamais entendu dans un autre groupe que
Motörhead, même si je sais que tu avais un groupe avant de rejoindre
Motörhead qui s’appelait Persian…
Persian Risk, oui. Nous avons fait quelques albums…
Mais n’es-tu pas intéressé par le fait de réaliser ton propre
projet parallèle comme beaucoup de musiciens le font ? Même Lemmy a son
propre projet Headcat…
Si, j’essaie de faire mon album solo. Je suis en train d’écrire un
livre aussi. J’ai joué sur des albums d’autres personnes. J’ai joué sur
le dernier album de Girlschool, j’ai joué sur l’album de Crucified
Barbara… Mais il faut trouver le temps. Nous sommes tellement occupés
avec Motörhead ! Mais pour le moment, je suis sur mon livre ; il
contiendra de nombreuses histoires marrantes. Quant à l’album, il met du
temps à venir mais il sortira un jour.
Est-ce que ce sera un livre sur ta vie ?
C’est un livre sur toutes les conneries invraisemblables qui
surviennent lorsque nous sommes sur la route ! (Rires) Des trucs
marrants, quoi ! Ce ne sera pas l’histoire de ma vie, autrement ce
serait chiant ! Mais nous ne savons pas encore quand cela verra le jour.
Nous venons tout juste de le commencer mais je suppose que nous pouvons
nous attendre à le voir sortir d’ici trois ans.
Motörhead a réalisé un version lente et bluesy de « Ace Of
Spades » pour une publicité de Kronenbourg. Lemmy ne semble pas être
très convaincu par ce réarrangement ; il dit que c’est un peu trop lent.
Quelle est ton opinion à ce sujet ? Aimes-tu ce genre d’exercice ?
C’était différent. C’était en effet un réarrangement un peu lent. Je
ne sais pas si je l’aime ou si je le déteste. C’est difficile à dire. Je
ne me suis pas encore fait une opinion. Mais c’était fun et ils nous
ont payé un sacré paquet de fric. Sans compter que maintenant j’ai un
frigo entier rempli de Kronenbourg. (Rires) Donc ce n’était pas si mal !
Nous avons demandé à Lemmy si le groupe ferait un album
acoustique avec des titres dans l’esprit de « Whorehouse Blues » et il a
dit que c’est quelque chose à laquelle il avait pensé et qu’il fallait
que vous en parliez. En avez-vous donc parlé ?
C’est moi qui ai eu cette idée ! J’ai eu cette idée de faire un album
acoustique. Il se pourrait bien aussi que nous fassions un album de
reprises. Ce pourrait être notre prochain album. Nous en avons fait
plein par le passé d’ailleurs. Nous avions repris « Cat Scratch Fever »
(NDLR : originale de Ted Nugent), nous avions fait « Shoot ‘Em Down »
par Twisted Sister, « Hellraiser » d’Ozzy (NDLR : mais initialement
composée par Lemmy), « God Save The Queen » des Sex Pistols, nous avons
joué « Rockaway Beach » des Ramones et plus encore. Mais cet album n’est
pour le moment qu’une idée pour le futur, nous ne savons pas encore ce
qu’il contiendra.
Ces derniers temps le groupe est critiqué pour être tombé
dans une certaine routine et des automatismes dans ces shows. Penses-tu
que la régularité des tournées et des enregistrements a eu une influence
sur vos shows d’une certaine manière ?
Non, nous y allons pour nous amuser et nous donnons le meilleur de
nous-mêmes chaque soir. Nous ne prenons pas trop en considération ce que
font les autres groupes. Ce qu’ils font, ils s’en sont donné la charge
et nous, ce que nous faisons, c’est être nous-mêmes. Nous essayons
simplement d’écrire la meilleure musique que nous pouvons et de la jouer
en concert. Nous nous amusons. Tous les jours, c’est du plaisir. Si tu
ne te fais pas plaisir tous les jours, tu peux mourir dans ce business !
Avec tant d’albums au compteur, ce doit être compliqué de construire une setlist pour les concerts…
Oh, oui…
Vous devez choisir parmi tant de classiques mais ne voudriez-vous pas mettre un peu plus de titres moins connus parfois ?
Si cela ne tenait qu’à moi, la setlist serait totalement différente !
(Phil montre du doigt le mur qui nous sépare de la loge de Lemmy) Je
deviens trop vieux pour rentrer dans des putains de disputes ! Nous
pourrions faire des shows de quatre ou cinq heures pour faire en sorte
que tout le monde soit content mais cela n’arrivera pas.
Pourquoi ne pourriez-vous pas faire des shows de quatre heures ?
Si tu avais mon âge, tu ne me demanderais pas ça ! (Rires)
« Ils ont passé trois ans à me suivre, à suivre Mikkey, nous
tous, tu sais. Trois putains d’années et la plus grosse image qu’ils ont
de moi, c’est moi en train de me coucher pour dormir dans le bus avec
la série Familly Guy (NDLR : Les Griffin en version française) qui
tourne sur la TV ! (Rires) [...] Quelle bande de connards ! »
Nous l’avons appris dans Lemmy : The Movie et nous en avons fait nous-mêmes l’expérience durant le Hellfest en backstage
cette année : nul ne doit essayer d’interrompre Lemmy lorsqu’il joue à
des jeux. Est-ce que ça t’es arrivé alors que tu n’étais pas encore au
courant de son genre d’addiction aux jeux ?
J’ai été au courant depuis le premier jour. Après mon audition, je ne
connaissais personne à Londres et il m’a emmené dans un club. Il n’y
avait personne là-bas. Il m’a payé une boisson donc je me suis assis. Il
s’est assis à côté de moi pendant quelque chose comme deux minutes à
peine et ensuite il a commencé à jouer sur une machine. Alors j’étais
assis seul pensant qu’il allait revenir. Mais il est resté là pendant
trois heures sur sa putain de machine ! Je l’ai déjà interrompu
plusieurs fois pour lui parler mais il n’aime vraiment pas être dérangé.
(Rires)
Toi et Mikkey apparaissez très rarement dans le film. Comment
cela se fait-il ? Vous êtes pourtant ses partenaires depuis si
longtemps…
Demande-le aux types qui ont réalisé le film ! C’est cela qui nous
fait chier. Ils ont passé trois ans à me suivre, à suivre Mikkey, nous
tous, tu sais. Trois putains d’années et la plus grosse image qu’ils ont
de moi c’est moi en train de me coucher pour dormir dans le bus avec la
série Familly Guy (NDLR : Les Griffin en version française) qui tourne
sur la TV ! (Rires) Le film est à propos de Lem, bien sûr, mais c’est
vraiment insultant à notre égard. Quelle bande de connards !
Il y a une scène qui est particulièrement étonnante : on y
voit Lemmy dans son petit appartement en train de dire qu’il ne souhaite
pas en changer car il serait difficile d’en trouver un moins cher. Nous
sommes très loin des clichés sur les rock stars. Peut-être est-ce une
question naïve mais Motörhead, ça ne paie pas ou quoi ?
Tu sais, j’ai un hôtel, j’ai deux maisons, j’ai un chalet… Mikkey a
de grosses maisons, des Lamborghini et tout… C’est juste que Lem aime
cet appartement parce qu’il est très près du Rainbow ! Il peut marcher
jusqu’au Rainbow en remontant Sunset Strip. Mais, si, ça paie très bien !
Voici maintenant une question idiote : pourquoi portes-tu toujours un bonnet sur scène ?
Parce que lorsque tu es sur scène tes cheveux s’imprègnent de sueur.
J’ai toujours fait ça, tu sais. Je préfère cela plutôt que de me
retrouver avec mes putains de cheveux qui retombent n’importe comment,
les avoir dans les yeux et ce genre de merde.
Note : après l’interview nous avons demandé à Phil de se
prêter au jeu de notre traditionnelle dédicace sur un objet insolite
(dans ce cas il s’agissait d’une souris d’ordinateur). Il a accepté et nous a confié la chose suivante :
La chose la plus difficile que j’ai eu à signer était un clitoris. «
Philip Anthony Campbell », ça m’a pris trois semaines ! (Rires)
dans le documentaire « Lemmy : The Movie ». Motörhead, c’est un groupe
qui s’assume pleinement. Motörhead ne vous cachera jamais son envie de
se faire plein de pognon via une pub pour Kronenbourg. Motörhead n’a pas
honte non plus de ses clichés.
Lorsque nous entrons dans la loge, ce n’est pas à Phil
Campbell que nous avons affaire mais au parfait tableau de la rock star
dans toute sa splendeur et sa démesure. Rien ne manque, si ce n’est le
rail de coke sur la table basse. A commencer par ce « vous ne comptez pas prendre de photos, n’est-ce pas ? Car je ne me suis pas rasé ! »
Tout à fait sérieux de la part d’un guitariste déjà vêtu d’une tenue de
scène élégante. Dans une main, un verre de vin blanc, dans l’autre, une
demoiselle aux formes… suggestives, visiblement âgée de vingt-cinq ans.
La totale. Ironie du sort, nous comptions notamment parler à Phil du
fait que « Lemmy : The Movie » brisait quelques-uns de ces clichés du
rock’n'roll. Et Phil de nous proposer de nous servir en bières sur le
buffet fort bien garni de la loge (merci Kronenbourg). Chez Motörhead,
quand on vous promet de vous payer un coup, on s’y tient, c’est une question d’honneur.
L’entrevue se passait bien jusqu’à ce que nous posions cette
question que l’on pensait pourtant anodine et que nous avions même
failli supprimer de notre liste. C’était sans compter sur l’ego froissé
de Phil Campbell (ego qui s’exprimera d’ailleurs à quelques reprises
dans cette interview), qui répliquera en larguant une véritable bombe à
l’encontre des réalisateurs de « Lemmy : The Movie ». Assez de suspense :
voici cet entretien tenu à peine quelques heures avant que le groupe ne
foule les planches de la Halle Tony Garnier.
« Je préfère être le seul guitariste. C’est bien plus fun et cela
fait de moi un meilleur performer ; ça m’oblige à courir davantage sur
scène. Je préfère très largement ça. Je ne pourrais pas revenir à une
situation où il y aurait un autre guitariste. »
Radio Metal : Apparemment The Wörld Is Yours est sorti en
Angleterre par le biais d’un contrat de publication exclusif avec le
magazine Classic Rock. Quel était votre intérêt là-dedans ?
Phil Campbell (guitare) : Je ne sais pas ! Nous
n’avions jamais fait cela auparavant. Nous pensions que ce serait bien
si nous avions le soutien d’un magazine. Mais ce n’est pas vraiment
important. De toutes manières, l’album est désormais disponible chez les
disquaires.
Tu as perdu ton père pendant la conception de l’album.
Penses-tu que ce triste événement a eu un impact sur la musique de
l’album ?
Oui, j’aime le penser. Je suis revenu de Los Angeles pour être avec
lui. Je le voyais tous les matins avant d’aller en studio au Pays De
Galles pour enregistrer les guitares. Ensuite, je revenais le soir pour
le voir à nouveau. A Los Angeles, il y a énormément de distractions
alors que, cette fois-ci, je me suis concentré sur deux choses : mon
père et la guitare. Donc, probablement que cela a eu un impact sur
l’album. Qui sait ? De toute façon, je suis content du jeu de guitare
sur l’album.
Vous avez tourné un clip vidéo pour le titre « Get Back In
Line ». On t’y voit, toi, Lemmy et Mikkey rentrer dans un casino rempli
de businessmen pathétiques et tout casser. Ça a dû être particulièrement
jouissif à tourner !
Ouais, c’était très marrant. Dans la première partie de la vidéo nous
jouons à Londres au sommet d’un building et il faisait si froid ! Nous
gelions sur place ! C’était une idée des personnes qui ont fait la vidéo
et je dois dire que ça rend plutôt bien au final. Je pense que ce clip
est très correct. Vous voulez une bière ? On a de la Kronenbourg !
OK, pourquoi pas. Merci ! Quel est le message derrière ce
clip ? Est-ce pour dire que le business est anti-rock’n’roll et qu’il
n’a rien à faire avec la musique ?
Tout ce que les banquiers à Londres aiment faire, c’est remplir leurs
propres poches. Ils n’en ont rien à foutre des autres. Il y a toujours
des exceptions à cette règle mais c’est un concept amusant pour une
vidéo et certains businessmen sont vraiment des enfoirés.
Les maisons de disques ont du mal à faire du business de nos
jours à cause d’internet et des nouveaux comportements des
consommateurs. Beaucoup de groupes font leur promotion et vendent leurs
albums par leurs propres moyens. Penses-tu que ce soit une bonne chose ?
Si cela fonctionne pour certains groupes, oui. Chaque cas est
différent. Nous ne vendons pas notre album au stand de merch car nous
avons la chance d’avoir des fans qui sortent et l’achètent. Mais, quoi
qu’il arrive, les maisons de disques prennent la plus grosse part des
bénéfices. C’est donc une bonne chose si les maisons de disques
commencent à avoir des difficultés. Ça fait des années et des années que
ça marche très bien pour elles mais maintenant la roue tourne et c’est
mieux ainsi pour le musicien.
Dans le livret de The Wörld Is Yours, on trouve des dessins un peu étranges et naïfs. Qui en est l’auteur ?
Lem’ les a fait.
Que représentent-ils ?
(Phil fait un signe pour exprimer la folie) Demandez-lui, je ne sais
pas ! (Rires) Il s’ennuie la nuit lorsqu’il n’arrive pas à s’endormir.
(Rires)
« Si cela ne tenait qu’à moi, la setlist serait totalement
différente ! (Phil montre du doigt le mur qui nous sépare de la loge de
Lemmy) Je deviens trop vieux pour rentrer dans des putains de disputes
! »
Cela fait maintenant quinze ans que tu es seul au poste de
guitariste dans Motörhead mais à un moment donné un second guitariste,
Würzel, était à tes cotés pendant un peu moins de dix ans. Dans quelle
situation te sens-tu le plus à l’aise ?
Je préfère être le seul guitariste. C’est bien plus fun et cela fait de moi un meilleur performer
; ça m’oblige à courir davantage sur scène. Je préfère très largement
ça. Je ne pourrais pas revenir à une situation où il y aurait un autre
guitariste. Nous avons passé de très bons moments à l’époque avec Würzel
mais c’était sa décision de partir. Et cela n’arrivera plus. Ce sera
toujours uniquement nous trois.
Nous ne t’avons jamais entendu dans un autre groupe que
Motörhead, même si je sais que tu avais un groupe avant de rejoindre
Motörhead qui s’appelait Persian…
Persian Risk, oui. Nous avons fait quelques albums…
Mais n’es-tu pas intéressé par le fait de réaliser ton propre
projet parallèle comme beaucoup de musiciens le font ? Même Lemmy a son
propre projet Headcat…
Si, j’essaie de faire mon album solo. Je suis en train d’écrire un
livre aussi. J’ai joué sur des albums d’autres personnes. J’ai joué sur
le dernier album de Girlschool, j’ai joué sur l’album de Crucified
Barbara… Mais il faut trouver le temps. Nous sommes tellement occupés
avec Motörhead ! Mais pour le moment, je suis sur mon livre ; il
contiendra de nombreuses histoires marrantes. Quant à l’album, il met du
temps à venir mais il sortira un jour.
Est-ce que ce sera un livre sur ta vie ?
C’est un livre sur toutes les conneries invraisemblables qui
surviennent lorsque nous sommes sur la route ! (Rires) Des trucs
marrants, quoi ! Ce ne sera pas l’histoire de ma vie, autrement ce
serait chiant ! Mais nous ne savons pas encore quand cela verra le jour.
Nous venons tout juste de le commencer mais je suppose que nous pouvons
nous attendre à le voir sortir d’ici trois ans.
Motörhead a réalisé un version lente et bluesy de « Ace Of
Spades » pour une publicité de Kronenbourg. Lemmy ne semble pas être
très convaincu par ce réarrangement ; il dit que c’est un peu trop lent.
Quelle est ton opinion à ce sujet ? Aimes-tu ce genre d’exercice ?
C’était différent. C’était en effet un réarrangement un peu lent. Je
ne sais pas si je l’aime ou si je le déteste. C’est difficile à dire. Je
ne me suis pas encore fait une opinion. Mais c’était fun et ils nous
ont payé un sacré paquet de fric. Sans compter que maintenant j’ai un
frigo entier rempli de Kronenbourg. (Rires) Donc ce n’était pas si mal !
Nous avons demandé à Lemmy si le groupe ferait un album
acoustique avec des titres dans l’esprit de « Whorehouse Blues » et il a
dit que c’est quelque chose à laquelle il avait pensé et qu’il fallait
que vous en parliez. En avez-vous donc parlé ?
C’est moi qui ai eu cette idée ! J’ai eu cette idée de faire un album
acoustique. Il se pourrait bien aussi que nous fassions un album de
reprises. Ce pourrait être notre prochain album. Nous en avons fait
plein par le passé d’ailleurs. Nous avions repris « Cat Scratch Fever »
(NDLR : originale de Ted Nugent), nous avions fait « Shoot ‘Em Down »
par Twisted Sister, « Hellraiser » d’Ozzy (NDLR : mais initialement
composée par Lemmy), « God Save The Queen » des Sex Pistols, nous avons
joué « Rockaway Beach » des Ramones et plus encore. Mais cet album n’est
pour le moment qu’une idée pour le futur, nous ne savons pas encore ce
qu’il contiendra.
Ces derniers temps le groupe est critiqué pour être tombé
dans une certaine routine et des automatismes dans ces shows. Penses-tu
que la régularité des tournées et des enregistrements a eu une influence
sur vos shows d’une certaine manière ?
Non, nous y allons pour nous amuser et nous donnons le meilleur de
nous-mêmes chaque soir. Nous ne prenons pas trop en considération ce que
font les autres groupes. Ce qu’ils font, ils s’en sont donné la charge
et nous, ce que nous faisons, c’est être nous-mêmes. Nous essayons
simplement d’écrire la meilleure musique que nous pouvons et de la jouer
en concert. Nous nous amusons. Tous les jours, c’est du plaisir. Si tu
ne te fais pas plaisir tous les jours, tu peux mourir dans ce business !
Avec tant d’albums au compteur, ce doit être compliqué de construire une setlist pour les concerts…
Oh, oui…
Vous devez choisir parmi tant de classiques mais ne voudriez-vous pas mettre un peu plus de titres moins connus parfois ?
Si cela ne tenait qu’à moi, la setlist serait totalement différente !
(Phil montre du doigt le mur qui nous sépare de la loge de Lemmy) Je
deviens trop vieux pour rentrer dans des putains de disputes ! Nous
pourrions faire des shows de quatre ou cinq heures pour faire en sorte
que tout le monde soit content mais cela n’arrivera pas.
Pourquoi ne pourriez-vous pas faire des shows de quatre heures ?
Si tu avais mon âge, tu ne me demanderais pas ça ! (Rires)
« Ils ont passé trois ans à me suivre, à suivre Mikkey, nous
tous, tu sais. Trois putains d’années et la plus grosse image qu’ils ont
de moi, c’est moi en train de me coucher pour dormir dans le bus avec
la série Familly Guy (NDLR : Les Griffin en version française) qui
tourne sur la TV ! (Rires) [...] Quelle bande de connards ! »
Nous l’avons appris dans Lemmy : The Movie et nous en avons fait nous-mêmes l’expérience durant le Hellfest en backstage
cette année : nul ne doit essayer d’interrompre Lemmy lorsqu’il joue à
des jeux. Est-ce que ça t’es arrivé alors que tu n’étais pas encore au
courant de son genre d’addiction aux jeux ?
J’ai été au courant depuis le premier jour. Après mon audition, je ne
connaissais personne à Londres et il m’a emmené dans un club. Il n’y
avait personne là-bas. Il m’a payé une boisson donc je me suis assis. Il
s’est assis à côté de moi pendant quelque chose comme deux minutes à
peine et ensuite il a commencé à jouer sur une machine. Alors j’étais
assis seul pensant qu’il allait revenir. Mais il est resté là pendant
trois heures sur sa putain de machine ! Je l’ai déjà interrompu
plusieurs fois pour lui parler mais il n’aime vraiment pas être dérangé.
(Rires)
Toi et Mikkey apparaissez très rarement dans le film. Comment
cela se fait-il ? Vous êtes pourtant ses partenaires depuis si
longtemps…
Demande-le aux types qui ont réalisé le film ! C’est cela qui nous
fait chier. Ils ont passé trois ans à me suivre, à suivre Mikkey, nous
tous, tu sais. Trois putains d’années et la plus grosse image qu’ils ont
de moi c’est moi en train de me coucher pour dormir dans le bus avec la
série Familly Guy (NDLR : Les Griffin en version française) qui tourne
sur la TV ! (Rires) Le film est à propos de Lem, bien sûr, mais c’est
vraiment insultant à notre égard. Quelle bande de connards !
Il y a une scène qui est particulièrement étonnante : on y
voit Lemmy dans son petit appartement en train de dire qu’il ne souhaite
pas en changer car il serait difficile d’en trouver un moins cher. Nous
sommes très loin des clichés sur les rock stars. Peut-être est-ce une
question naïve mais Motörhead, ça ne paie pas ou quoi ?
Tu sais, j’ai un hôtel, j’ai deux maisons, j’ai un chalet… Mikkey a
de grosses maisons, des Lamborghini et tout… C’est juste que Lem aime
cet appartement parce qu’il est très près du Rainbow ! Il peut marcher
jusqu’au Rainbow en remontant Sunset Strip. Mais, si, ça paie très bien !
Voici maintenant une question idiote : pourquoi portes-tu toujours un bonnet sur scène ?
Parce que lorsque tu es sur scène tes cheveux s’imprègnent de sueur.
J’ai toujours fait ça, tu sais. Je préfère cela plutôt que de me
retrouver avec mes putains de cheveux qui retombent n’importe comment,
les avoir dans les yeux et ce genre de merde.
Note : après l’interview nous avons demandé à Phil de se
prêter au jeu de notre traditionnelle dédicace sur un objet insolite
(dans ce cas il s’agissait d’une souris d’ordinateur). Il a accepté et nous a confié la chose suivante :
La chose la plus difficile que j’ai eu à signer était un clitoris. «
Philip Anthony Campbell », ça m’a pris trois semaines ! (Rires)